D’un sujet fécond de son altérité

« Nous ne pouvons vraiment pas grandir seuls, nous ne pouvons grandir qu’ensemble, dans une relation vivante, éclairée, généreuse » Yvan AMAR – L’obligation de conscience -Ed Le Relie
cercle de paix

Lettre de janvier 2021

Nous continuons à traverser une période faite d’incertitude, d’angoisse, de pertes de repères de toutes sortes. Il nous semble que tout devient chaotique dans une confusion d’informations, de stimulations. Paradoxalement nous sommes confrontés à un débordement d’émotions, de commentaires dans un climat de limitation. À l’intérieur de chacun et dans le collectif ces paradoxes nous écartèlent parfois et provoquent aussi des ruptures de communication tant le besoin pour certains de « savoir le tout », d’avoir des réponses sécurisantes qui boucheraient le trou des incertitudes se fait criant. Or, sans le doute, sans le vide, sans l’espace, nulle parole ne peut se dire et s’entendre  et rien ne peut se créer de nouveau ! Certains s’enlisent dans le désespoir faute de trouver des espaces ou des liens de confiance D’autres exacerbent leurs colères et trouvent apaisement en désignant des boucs émissaires … Des attitudes de repli sur soi, sur sa communauté apparaissent comme des solutions …

Toute notre relation à l’autre est mise en question.  

L’autre au sens général du terme,  ce qui n’est pas soi, mais qui le  constitue tant l’être humain est un être dépendant avant même  de devenir  autonome !  C’est bien ce que cette pandémie éclaire, notre interdépendance et notre vulnérabilité.   Dépendant d’autres qui ont présidé à sa naissance, dépendant de la vie donnée et reçue, dépendant de l’environnement et de tous les éléments vitaux  eau, air, feu, terre, dépendant des autres règnes minéral, animal, végétal, éthérique.  Cette « crise » bien plus que d’être une crise sanitaire  ou climatique est une crise relationnelle, de notre mode de relation au monde ! La sortie de crise va-t-elle être un retour à nos modes de fonctionnement de plus en plus individualistes au nom d’une liberté ne supportant pas la limite, de plus en plus consuméristes au nom d’une jouissance sans entrave ? Ou est -ce que ce temps très éprouvant -mettant un frein à la course effrénée à la conquête- va être saisi comme une opportunité de  revoir nos comportements, notre posture, notre rapport au monde ?   Pouvons-nous accepter de venir d’un temps d’extrême dépendance lorsque nous étions nourrissons ? D’être passés par un temps  de conquête d’indépendance ? Et d’aller maintenant vers une expérience d’interdépendance -qui cesserait soit d’inclure l’autre comme un « objet  » à utiliser, soit d’exclure l’autre comme  » mauvais objet »-pour plutôt tisser  des liens  avec d’autres  sujets et avec tout le vivant en les considérant.

 

Virage à 380°,   Revoir la notion de liberté et de sujet. Atterrir !

Non pas un sujet qui se construirai seul dans un phantasme d’autocréation très prisé de la société post libérale et dont nous sommes -sans toujours  en être conscient -en connivence dans notre quête de bonheur, de développement personnel  ou même d’élévation spirituelle. Mais un sujet qui aurait intégré qu’il est construit d’altérité, qu’il n’existe pas sans autres et que sa liberté inclurai la considération, l’interdépendance, la fraternité.   Passer de la consommation à la communion, c’est cela sans doute la grande mutation à laquelle nous sommes appelés.  Dans la nature, seule la coopération amène la Vie.

   

Ceci nécessite un chemin, un travail, un engagement, un désir,

Ne se fais pas en un jour ou avec quelques formules miracles ! Commencer, continuer à tisser des liens, à aider, à s’entraider sans attendre tout d’ailleurs, constituer des collectifs qui permettent d’expérimenter des nouvelles façons de tenir le lien entre le sujet et le collectif, entre le sujet et son environnement … Entre   Chacun peut là où il est être une ressource pour d’autres et trouver ressources chez d’autres. Nous ne sommes pas seuls quelque soit notre condition. Ne pas douter qu’une crise est un processus paroxystique cherchant une nouvelle homéostasie.   Ensemble  en choisissant d’œuvrer  en reliant nos forces de mort avec nos forces de vie, nous pouvons « réparer le monde « (Camus- Pelluchon) Quelle belle aventure contemporaine !  

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